Voilà des années, huit exactement, que le grand cinéaste taïwanais n’avait pas donné de ses nouvelles. Hou Hsiao-hsien nous le savions déjà en regardant ses films sait prendre son temps, et le sachant nous avions appris à prendre celui de le suivre. Plus exactement, nous avions découvert l’émotion d’arriver aux personnages en nous enfonçant dans la trame des contrées cinématographiques qui sont les siennes. Peu de cinéastes contemporains nous ont donné ce sentiment d’apporter la possibilité d’une expérience dans la fiction qui n’avait pas existé jusque-là. Un peu comme lorsqu’on plante le nez pour la première fois dans un roman de William Faulkner. Le rapprochement est motivé. L’un évoque de multiples manières son Sud, l’autre, depuis Taïwan, ses Chine-s, que leurs mondes soient perdus, recomposés, réinventés, passés ou immédiats, intimes ou collectifs. The Assassin prolonge ces interrogations (identitaires) en se ressaisissant du wu xia pian, un des genres majeurs du cinéma chinois, comme Faulkner avait su faire de Sanctuaire un polar. Mais retourner à la tradition (cinématographique) et à l’histoire (l’intrigue se déroule au IXe siècle, sous la dynastie Tang) c’est, pour Hou Hsiao-hsien, se donner une raison de leur redonner une réalité sensible, une vie sur l’écran qui déjoue, par une succession d’écarts, conventions et attentes. On peut alors penser que chaque geste dans cette forme sublime vient célébrer l’amour de Nie Yin-niang (Shu Qi toujours, sans fard), notre assassine, chargée par l’empire de supprimer son cousin (Chang Chen) le gouverneur de la province de Weibo. Mais désormais… pas un mot de plus. JB