Quand John, qui sort de prison flanqué de son frère, l’aspirant acteur Yerbol et de leur petite sœur souffrante Aliya, débarquent d’Almaty pour vivre dans la petite maison rurale de leur défunte mère, c’est peu de dire qu’ils ne sont pas les bienvenus. L’occupant alcoolique actuel,incarnation d’un postsoviétisme imbibé, a la chance d’être le frère du chef de la police du cru… Moins épuré et lapidaire que le film précédent d’ Adilkhan Yerzhanov à la trame similaire, Constructors, The Owners s’aventure plus franchement dans un tragicomique tantôt kafkaïen, tantôt burlesque (une danse endiablée lors d’un enterrement) et n’hésite pas à mener à son terme la logique de vengeance absurde déclenchée par le mauvais accueil initial du trio d’orphelins. Comparé lors de son passage à Cannes en séance spéciale à Aki Kaurismaki, cinéaste kazakh dit s’inspirer de la composition et du chromatisme de Vincent Van Gogh. Le mélange inédit de cadrages fixes, d’inserts sur des objets soudain placés au devant où l’angle choisi pour certains portraits à la symétrie saisissante confèrent en tout cas à certains plans la qualité de tableaux vivants.
C.G.