Un homme va récupérer des vêtements chez le teinturier, fait euthanasier son chien, rentre chez lui et se supprime. Le beau noir et blanc du deuxième film de José Luis Valle rend ce geste d’autant plus implacable qu’à son retour à la maison, son épouse parle au mort comme s’il était dans la pièce adjacente. « Je suis dans le patio… », dira la note, « je ne voulais pas tout salir ». Sec et presque monochromatique, The Searches partage le souci poignant et absurde de ce personnage tôt disparu : ce qui peut être laissé hors-champ doit l’être. Mais il montre aussi que le manque crée inévitablement – et heureusement – le mouvement, la « recherche » du titre. La simplicité de la ligne narrative et de l’image ou le goût pour des plans sans coupe n’ont jamais l’air ici d’une pose « artistique ». C’est cette modestie même qui rend touchante la rencontre entre la veuve, Elvira, et un homme qui lui livre des bonbonnes d’eau. Un geste d’Elvira suffit à traduire l’intensité de son désir, et peut-être le risque qu’elle le balaie trop vite. Avec son parti pris de retenue, The Searches s’inscrit à l’opposé de la violence grandiloquente de Carlos Reygadas et de ses nombreux épigones mexicains.
C.G.