Le thème central du film est le messianisme indigène abordé comme phénomène global de plusieurs communautés archaïques d’Amérique du Sud et constaté depuis le XVIème siècle. Le film présente une grande masse d’informations d’après les études anthropologiques d’Alfred Metraux, et dans une moindre mesure de Lévi-Strauss. La narration emprunte à des extraits de la littérature portugaise et la musique sert de contrepoint à cette structure complexe qui mêle art européen et rythmes primitifs.
« Comme une nouvelle présentation du conflit littoral, le film d’Arthur Omar propose une critique, grosse d’ironie et d’hallucination, au discours de l’anthropologie sous les tropiques. Son protagoniste, un surprenant médecin petit-bourgeois, fait un parcours qui va renverser le sens de la démarche de Lévi-Strauss tel qu’il l’a exprimé dans son livre Tristes Tropiques. L’allégorie du Cinema Novo était conçue comme un dévoilement, tandis que l’allégorie de Triste Tropique (le film) est un mouvement vers l’opacité, et ce qui pose un problème, c’est l’acte même de lecture. Triste Tropique est du métacinéma et dans cette visée il se différencie des formes de l’anticolonialisme des années 60. C’est un des plus beaux et plus originaux films des années 70 au Brésil. » Ismail Xavier, extrait du livre Les Allégories du sous-développement