Parmi les ballerines plates de ses camarades, les baskets de Wadjda font désordre. Dans une société ultra-sexiste, cette Saoudienne de onze ans ne vit que pour acheter le vélo qui lui permettrait de faire la course avec un garçon du quartier. Elle ne pouvait choisir objet moins accessible, le vélo étant interdit aux filles. Si cette trame rappelle une veine classique du cinéma iranien, ce premier film jamais réalisé par une Saoudienne s’éloigne de la fable pour habiter le contemporain. Très rarement vue à l’écran, la vie à Riyad (où le film a été tourné, non sans mal) relève pour une femme du parcours de la combattante : la mère, pour respecter son mari jaloux, va travailler très loin dans une école non-mixte ; le père cherche une seconde épouse faute d’avoir obtenu d’elle un fils… Dans ce contexte, la méthode choisie par Wadjda (remarquable Waad Mohammed) pour acquérir le vélo tient d’une sur-adaptation que l’on ne connaissait jusqu’ici qu’aux héros burlesques. CG