Yi Yi
(Yi Yi)

C’est en montrant des êtres demeurant au seuil de ce que l’existence leur offre d’opportunités de franchir une porte, d’emprunter une autre voie, que Yi Yi déploie sur l’entropie culturelle et sociale qui les enserre un regard d’une profondeur exceptionnelle. L’ultime traversée des apparences du grand Edward Yang semble au premier abord montrer une grande réserve formelle comme si la chronique familiale à laquelle elle s’attache ne devait en rien être entravée par son auteur. Partant de là, le génie du cinéaste consiste précisément à la saisir dans la diversité de ses mouvements, parfois secrets, la variabilité de ses rythmes, dans ses répétitions aussi, nous la donnant à voir comme on écoute de la musique : des existences faites de contrepoints, de boucles, de ruptures tonales dramatiques, d’agitations et d’oublis. JB