Your Face
(Ni de lian)

Nous pourrions dire le cinéma réduit à son essentiel comme un gros plan de visage (treize pour être exact), quelques histoires racontées (avec ou sans parole), des questions simples, des paroles libérées de tout jugement. « De quoi souhaiteriez-vous parler ? » demande le réalisateur. « Sais pas », répond la première interlocutrice, regard errant, que la caméra capte comme dans un screen test de Andy Warhol. Chaque intervenant du casting, anonyme repéré dans les rues de Taipei (exception faite de Lee Kang-sheng, acteurfétiche de Tsai Ming-liang), est présenté dans un seul plan fixe, sans interruptions. Présences physiques aussi réelles que fantomatiques, comme souligné par le blanc du dernier plan ou la composition sonore onduleuse de Ryuichi Sakamoto. Une leçon de cinéma d’une simplicité presque audacieuse, où le visage nous parle, éloignant les « têtes parlantes » de nombreux documentaires de télévision. AR