Du personnage de Zindeeq, nous ne saurons pas le nom. Cinéaste expatrié, il est en Palestine pour recueillir des témoignages sur les conditions d’exil de ceux qui vécurent en 1948 la Nakba. Avec Rasha, son assistante, il tente maladroitement de renouer par le biais de ce film dont l’idée s’abîme bientôt dans une nuit sans sommeil à Nazareth, sa ville natale. Là, où il avait retrouvé sa soeur à l’occasion des funérailles d’un oncle, M. erre vainement d’un hôtel à l’autre à la recherche d’un lit, craignant des représailles à la suite du crime de sang commis par son neveu. Achoppant sur un réel en proie à des dérèglements insensés, conséquences multiples et profondes de cinquante ans de guerre et d’occupation, M. est un étranger sur ses propres terres. Depuis combien de temps ? Quel récit peut-on réellement faire qui rende compte de la tragédie palestinienne ? Quelles aspirations personnelles peuvent encore s’épanouir dans ces conditions ? Ces questions hantent le film crépusculaire de Michel Khleifi. Cherchant dans le passé des plus vieux un récit que sa mère n’a pas relayé, divisé par les conséquences de son propre éloignement, M. ne peut même plus épancher la soif qui le tient à la source asséchée de la Vierge Marie. Toute marque de la culture chrétienne de l’Orient semble d’ailleurs destinée à une consumation imminente. JB
