Les plateformes professionnelles dont les festivals internationaux se sont dotés depuis le début des années 2000 sont devenues au fur et à mesure de leur émergence, à la fois de nouveaux points d’ancrage et de facilitation des échanges de l’industrie cinématograhique, et un outil nécessaire à la pérénisation de ces festivals. Sans ces organisations professionnelles, qu’elles se nomment marchés, ateliers ou laboratoires, qui leur confèrent une place et un rôle très identifiés, les festivals peineraient à exister et à attirer publics et professionnels dans un paysage mondial hyperconcurrentiel où les films ne sont plus toujours des arguments suffisamment solides pour convaincre, perdurer, survivre.
La valeur ajoutée de ces plateformes (Marché du Film à Cannes, Open Doors à Locarno, European Film Market à Berlin, FilmMart à Rotterdam, Cine en Construccion à San Sebastian et Toulouse, Venice Film Market à Venise, FID Lab à Marseille et Produire au Sud à Nantes) sur des champs divers comme l’écriture, la postproduction, la production, joue le rôle d’un véritable catalyseur de l’activité de l’industrie globale tout au long de l’année, et redimensionne complètement la place et le rôle des festivals sur l’échiquier mondial de la circulation des films et des principaux acteurs. Les films y naissent, s’y développent, y trouvent leur stratégie de production et leurs coproducteurs, y sont diffusés. Plus que des lieux de Mostra, les festivals sont des carrefours professionnels devenus prépondérants à la fabrication, la diffusion et la pensée du cinéma international indépendant.
A Nantes, le Festival des 3 Continents est aussi repéré grâce à son programme « industrie » Produire au Sud, antérieur à bien des plateformes citées plus haut. La singularité de cet atelier de formation des jeunes cinéastes et producteurs des trois continents aux outils de la coproduction internationale se situe au niveau de la précision de son expertise. En marge des séances du festival, dans un cadre pédagogique unique en Europe et adapté à leur réalité socioprofessionnelle, les jeunes participants élaborent leur stratégie de production, nourrissent leurs contacts professionnels et structurent leur scénario. Depuis 2000, date de la création de l’atelier, nombre de réalisateurs y ont fait leurs premiers pas, ainsi que leur producteurs. Lucrecia Martel (Argentine), Pablo Stoll (Uruguay), Apitchapong Weerasethakul (Thaïlande), Pablo Trapero (Argentine), pour les réalisateurs les plus emblématiques, et James Lee (Malaisie), Soros Sukhum (Thaïlande), Daniel Garcia (Colombie) pour les producteurs, sont aujourd’hui des ambassadeurs de premier ordre qui peuvent témoigner de l’expertise exigente de Produire au Sud et prescrire la plateforme nantaise comme espace incontournable en formation initiale et comme lieu privilégié d’émergence de projets, épargnés par la réalité plus brutale des marchés internationaux.
Entre autres pratiques dispensées pendant l’atelier, celle de la séance de pitching, ou l’art de convaincre de potentiels financeurs, aura lieu en public au Cinématographe le vendredi 25 novembre de 14 h à 16 h.
Les festivaliers pourront y découvrir les douze nouveaux talents de cette 38ème édition, en provenance d’Afrique du Sud, du Soudan, d’Egypte, d’Iran, du Maroc, de Turquie et d’Argentine.
Guillaume Mainguet
Responsable des Ateliers Produire au Sud