Les ateliers Produire au Sud ont aujourd’hui essaimé dans de nombreux pays (cette année : Taïwan, Maroc, Afrique du Sud, Israël, Thaïlande) en dehors de Nantes, et offrent à tous les participants des contenus de formation adaptés à leur situation culturelle et politique, autour des notions relatives à la coproduction internationale. Plus que jamais, l’acquisition des arcanes des enjeux de la coproduction internationale est fondamentale pour les jeunes producteurs et réalisateurs du monde entier. Outre le fait de s’octroyer potentiellement des financements plus conséquents et plus facilement, c’est surtout pour eux une possibilité unique de rallier des réseaux professionnels internationaux gravitant autour des pôles décisifs de l’industrie mondiale : les festivals, les marchés et plateformes professionnels, et bien sûr les financeurs et les grands décideurs. C’est pour cela que le travail des ateliers nantais reste toujours aussi exigeant et nécessaire.
À l’heure de la quarantième édition du Festival des 3 Continents, force est de reconnaître la place singulière qu’occupent les ateliers Produire au Sud sur l’échiquier foisonnant de l’industrie cinématographique européenne et mondiale. Plateforme professionnelle parmi les plus humbles par ses capacités financières et le nombre de projets de film sélectionnés par atelier (six à huit par an), Produire au Sud reste pourtant depuis 2000, date de sa création, un programme de premier choix pour les jeunes réalisateurs et producteurs des trois continents. L’excellence de l’expertise dispensée est reconnue et recherchée pour l’acuité de ses prescriptions et de son accompagnement individualisé. Le choix politique initial de ne pas travailler pour les chiffres (nombre de projets retenus) ni d’avoir l’obligation de résultat (films finalisés) permet à Produire au Sud d’éviter l’écueil de l’anonymat des porteurs de projets et la multiplication des initiatives mercantiles, et incite à une innovation permanente et fine de ses contenus. Ainsi considérés et guidés, nombreux sont les films qui sont « nés » avec Produire au Sud, c’est-à-dire qui y ont été repérés et à partir d’où l’aventure internationale a débuté, avant de rencontrer un succès international à Cannes, Berlin, Locarno, Rotterdam ou Venise : The Wound (Afrique du Sud) à Nantes en 2013, Albüm (Turquie) à Nantes en 2012, La Familia (Vénézuela) à Caracas en 2013, Manta Ray (Thaïlande) à Nantes en 2011, The Dive / Un havre de paix (Israël) à Sderot en 2016 ou encore Nervous Translation (Philippines) à Bangkok en 2014…
Il ne s’agit plus pour Produire au Sud de se targuer encore et toujours d’avoir repéré de jeunes talents ou des films naissants rares – qui peut aujourd’hui à l’ère numérique prétendre découvrir un nouveau talent quand un film est vu par tous les festivals du monde en même temps ? – mais de conscientiser et de concrétiser chaque année davantage les raisons de son attractivité et de la pertinence de sa formation.
Cette année, six nouveaux projets de film viennent rejoindre les bancs sélectifs de l’atelier à Nantes en provenance de pays plus rares : Mozambique, Népal, Bangladesh, Indonésie, Colombie, Niger.
Cette édition Produire au Sud 2018 à Nantes, 18e du nom, est d’avance une réussite puisqu’elle voit deux films passés par ses rangs retenus pour la Compétition internationale : Manta Ray (Thaïlande) de Phuttiphong Aroonpheng était à Nantes en 2011, et The Dive / Un havre de paix (Israël) de Yona Rozenkier à Sderot en 2016. Leur parcours en forme de retour aux sources dessine un cercle vertueux et idéal pour les missions d’accompagnement que s’est données Produire au Sud depuis 2000.
La traditionnelle séance de pitchs de l’atelier Produire au Sud, ouverte au public du festival, aura lieu au Cinématographe le vendredi 23 novembre à partir de 14h00.
Guillaume Mainguet
Responsable des Ateliers Produire au Sud