Si l’on envisage le cinéma comme une fenêtre ouverte sur les vibrations du monde contemporain, il en va de même d’un marché international des films toujours plus attentif aux mouvances du cinéma. Ici ou là, les manières de fabriquer les films, qu’elles soient ou non industrielles, sont souvent le reflet d’une situation politique, de la disposition à encourager et soutenir la création artistique nationale et ses acteurs. Qu’un pays ouvre davantage ses frontières ou assouplisse sa politique sur la liberté d’expression et c’est l’essor de son industrie cinématographique qui s’en ressent de manière presque immédiate et mécanique.
La plateforme professionnelle que représentent le Festival des 3 Continents et les Ateliers Produire au Sud témoigne chaque année de l’évolution de ces dynamiques de production internationale en lien avec les évolutions politiques, structurelles, culturelles de certains pays et parfois de régions entières du monde. L’expertise et l’attention de la structure 3 Continents se posent ainsi au point de convergence des circonvolutions de la politique internationale et des oscillations inhérentes au cinéma mondial.
Cette lecture est plus sensible au regard de la sélection de l’Atelier Produire au Sud 2019, dominée de manière inédite par des projets africains en provenance des quatre coins cardinaux du continent : Zimbabwe, Libye, Éthiopie et Sénégal. Par des effets conjoncturels bénéfiques d’initiatives et de programmes d’accompagnement de films, fiction et documentaire, de plus en plus nombreux, désormais structurés en plateforme de projets (RealNess, Steps, Ouaga Filmlab, Sentoo parmi d’autres), des ambitions de film africains plus solides abordent les marchés internationaux avec autant de vaillance que d’opiniâtreté. Ces programmes internationaux relèvent en grande partie de collaborations ou de coopérations interrégionales qui, débordant les frontières politiques, désenclavent, ouvrent à des réflexions partagées.
Le continent asiatique, et particulièrement l’Asie du Sud-Est, n’est pas en reste. Ces deux ou trois dernières années ont vu fleurir des coproductions régionales qui poussent les producteurs et réalisateurs à renouveler à la fois des propositions artistiques hybrides et multiculturelles et des modèles de production qui interrogent autant le financement du cinéma que les échanges de compétences entre ceux qui le fabriquent.
Ce rôle de veille et d’observation des fluctuations de l’industrie cinématographique internationale des Ateliers Produire au Sud ne souffre que d’une seule exigence : son propre renouvellement et l’actualisation permanente de sa place, de son rôle, dans son lien aux films et à ceux qui en portent les projets. Exigence que les ateliers ont peut-être su soutenir si l’on considère leur longévité depuis 2000 et l’approche de leur vingtième anniversaire.
Cette année, six nouveaux projets de film rejoignent les bancs sélectifs de l’Atelier de Nantes en provenance de pays rarement représentés : Libye, Zimbabwe et Éthiopie pour la toute première fois, Sénégal, Népal et Vietnam.
Cette édition nantaise de Produire au Sud 2019, dix-neuvième du nom, regardera aussi du côté d’une réussite avec le film soudanais You Will Die at Twenty d’Amjad Abu-Alala (Produire au Sud Nantes 2016) retenu dans la sélection officielle Séances Spéciales. Elle proposera également aux festivaliers de cette 41e édition de rencontrer les six réalisateurs de l’atelier autour d’un programme présentant leur dernier court métrage en date.
La traditionnelle séance de pitch de l’atelier Produire au Sud ouverte au public du festival, aura lieu au Cinématographe le vendredi 22 novembre à 14h00.
Rendez-vous en 2020 pour le vingtième anniversaire des Ateliers Produire au Sud.
Guillaume Mainguet
Responsable des Ateliers Produire au Sud