Festival 3 Continents
Compétition internationale
46e édition
15>23 NOV. 2024, Nantes

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Panorama du cinéma de l'Inde du Sud

On ne peut jamais perdre de vue qu’en quelque matière que ce soit, on ne doit parler de l’Inde mais des Indes et si l’énorme machine cinématographique indienne produit aujourd’hui environ 800 films par an cette production n’est pas concentrée comme aux États-Unis ou en Italie mais est dispersée en divers pôles : Bombay, Calcutta, Madras, Bangalore (Etat du Karnataka), Trivandrum (Etat du Kerala) pour ne citer que les principaux, chacun ayant ses caractéristiques propres.

Jusqu’en 1960 les trois premières villes prédominaient et Calcutta grand foyer culturel pour toutes les formes d’art avait permis l’éclosion de plusieurs auteurs : Satyajit Ray bien sûr mais aussi Mrinal Sen (découvert par la suite) ainsi que Ritwick Ghatak, maintenant décédé. Toutefois il ne s’agissait pas d’un mouvement quelconque mais de cinéastes travaillant isolément.

En 1970 à Bangalore apparaît brutalement un film : Samskara, de Pattabhi Rama Reddy. Il révolutionne le cinéma traditionnel sud-indien par ses méthodes de tournage en extérieur et par son thème… ce qui lui vaut d’être censuré pendant un an. Cependant on peut déjà noter un nom dans la distribution, celui d’un jeune acteur inconnu : Girish Karnad, venu du théâtre Kannada. Un peu plus tard un producteur-réalisateur G.V. Iyer, ayant déjà une longue carrière dans le cinéma traditionnel voit le film et bouleversé se remet en cause : il produira le premier film de Girish Karnad associé avec B.V. Karanth, un musicien qui fera ses débuts de metteur en scène, Vamsha Vrishka. A l’instar du cinema novo brésilien un noyau se crée, chacun occupant des fonctions interchangeables, acteur, scénariste, metteur en scène, producteur, musicien.

Quelques années plus tard en 1973 le Kerala prend le relais avec un grand film : Swayamvaram qui place d’emblée son réalisateur Adoor Gopalakrishnan parmi les auteurs importants du cinéma indien. Cependant là aussi Gopalakrishnan n’est pas un homme seul, son travail s’accomplissant au sein d’une coopérative de cinéastes, créée dès 1965 à Trivandrum, capitale du Kerala.

Cette coopérative qui groupe actuellement près de 30 cinéastes dont Aravindan et qui dispose maintenant d’un complexe de studios parfaitement équipés et dont la conception architecturale est absolument remarquable tant sur le plan fonctionnel qu’esthétique et montre la vitalité du cinéma malayalam.

Par ailleurs Trivandrum est en passe de devenir un nouvel Hollywood puisque l’état du Kerala met aussi de son côté la dernière main à d’immenses installations cinématographiques qui comprendront quatre plateaux dont l’un pourra s’ouvrir pour utiliser les extérieurs environnants sans parler des laboratoires, salles de projection et même une école de direction d’acteurs.

Comme il n’y a pas, non plus, de problème de production, les industriels en électronique ou en cacahuètes investissant leurs bénéfices dans les films, même parfois difficiles, il existe au moins au monde un lieu béni pour la création cinématographique : Trivandrum et l’Etat du Kerala.

(Texte de présentation, catalogue F3C 1980)

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