Festival 3 Continents
Compétition internationale
46e édition
15>23 NOV. 2024, Nantes

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Hommage à Gabriel Figueroa

Dire que Gabriel Figueroa est un des plus grands directeurs de la photographie encore vivant est à la fois un euphémisme et une facilité. Evidemment, il a fait la lumière de plus de 200 films et travaillé avec les plus grands réalisateurs, Huston, Ford, Siegel, Buñuel, Gavaldón et Fernandez. Il se pourrait toutefois que ce concert de louanges soit embelli par des souvenirs, d’autant plus heureux que nombre de ses films les plus remarquables n’ont pas été revus depuis 30 ou 40 ans. A l’inverse, depuis quelques temps certains critiques ont pu dénoncer chez Figueroa un certain maniérisme qui, dans de nombreux films, privilégierait l’image au détriment de l’unité filmique. C’est pourquoi la confrontation récente que j’ai pu avoir à Mexico avec l’œuvre de Figueroa, m’a permis de faire un point et une nouvelle évaluation. Si les films en couleurs mériteraient que l’on s’y arrête dans une rétrospective plus large, c’est avant tout son travail sur le noir et blanc qui demeure essentiel. C’est avec Ay que tiempo Sr Don Simon de Julio Bracho (1941), que Figueroa devient réellement maître de son art. Deux ans plus tard, il va s’affirmer totalement avec Emilio Fernandez, imprimant sa marque aux films réalisés entre 1945 et 1953. L’ utilisation dramatique de la lumière mexicaine, la variété de la gamme de tonalités entre le noir et le blanc, (utilisés comme des couleurs), que ce soit dans les plans d’ensemble ou dans les plans rapprochés, contribuent à la richesse de la créativité de Gabriel Figueroa mise au service d’un réalisateur. Mais Gabriel Figueroa n’aurait pas été ce maître du noir et blanc, s’il n’avait pas su apporter sa disponibilité à des réalisateurs aussi différents que Buñuel, Huston, Ford, Gavaldón entre autres, pour créer à chaque fois une image, une atmosphère propres. Au moment où l’image télévisuelle ne nous permet plus par sa nature de voir véritablement le noir et blanc, on ne peut qu’être ébloui devant les créations artistiques de Gabriel Figueroa qui, espérons-le n’appartiennent pas totalement au passé.
Philippe Jalladeau

«Pendant quarante ans, accompagné d’autres hommes également passionnés par le métier d’inventeur d’images, je n’ai fait autre chose que délimiter la réalité entre les mains d’un Appareil Photographique. Ce privilège exceptionnel m’a appris à diriger mes sens jusqu’au cœur de la réalité et à me fondre dans le regard des inquisiteurs de l’Ame Humaine.
Je peux dire que jamais je n’ai été indifférent à mon époque. En transformant la réalité à l’aide d’un outil mécanique, la réalité me transformait moi-même et me faisait grandir en tant qu’un homme parmi les autres hommes.
Raconter des histoires, évoquer des histoires, inventer des histoires : ma vie n’a été qu’un incident dans cet Univers peuplé déjà d’êtres intemporels.
Je pense en ce moment à des hommes de qualité, tels Diego Rivera, José Clémente Orozco, David Alfaro Siqueiros, Leopoldo Mendez, génies de la peinture mexicaine, maîtres de la couleur et de la lumière et mes guides dans la manière de percevoir les êtres et les objets. Si je possède un quelconque mérite, j’en suis persuadé, ce serait celui de savoir me servir de mes yeux qui, à l’égal d’une caméra, emprisonnent non seulement les couleurs, les lumières et les ombres, mais le mouvement lui-même, la vie».
Gabriel Figueroa

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