Le cinéma mexicain de l’époque dorée est d’une richesse et d’une diversité étonnante et c’est pour cette raison qu’il est préférable de le découvrir par parcelles. Le cinéma mexicain de l’époque émigré des thèmes bucoliques vers les cabarets.
Pour cette raison, le Festival des 3 Continents a décidé de mettre l’accent sur un genre pratiquement inconnu en France : las rumberas, cinéma des cabarets des bas-fonds dans lequel de belles femmes dansent au rythme de la rumba, du mambo, de la conga et autres sons des Tropiques.
Le cinéma de rumberas, comparable en importance aux comédies musicales américaines, scandaleux à son époque par son impudeur, est redécouvert aujourd’hui.
Il était à l’époque d’emblée rejeté par les classes aisées qui ne daignaient pas le regarder,aveuglé par la présence des films américains et européens. Cette situation a entraîné le gout de l’interdit : secrètement les jeunes sans distinction de classe allaient dans les salles de cinéma populaires et rêvaient aux rumberas.
Ce « sous-genre » cinématographique – contradiction entre la musique très joyeuse et les tragédies qu’il provoque – est présenté sous forme de comédie ou de mélodrame et se déroule dans un lieu nocturne. La protagoniste est généralement une femme qui, par plaisir, ou poussée par les circonstances, est obligée de danser aux sons afro-cubains pour gagner sa vie. Cette héroïne doit trouver le salut à travers la danse, sinon elle est entraînée dans l’abîme de la perdition.
Certes, prolixe, le cinéma de rumberas prend vite de l’élan et une identité propre, au fur et à mesure qu’il est créé. Les chiffres qui suivent donnent une idée de son essor : 3 films en1946,13 en 1947, 25 en 1948, 47 en 1949 et 50 en 1950.
L’une des premières interprètes, Mapy Cortés, « par son coup de hanches », entraîne avec elle, dès les années 40 les étoiles de la danse cubaine qui se produisent au Mexique : Amalia Aguilar, la « bombe cubaine » ; Rosita Fornés, la diva de la danse, Rosa Carmina, sensuelle et inaccessible ; l’inquiétante Ninon sévilla et Meche Barba, l’unique mexicaine, qui font danser et rêver les masses dans des films qui ont touché profondément l’inconscient collectif des jeunes de l’époque.
Le cinéma de Rumberas, contient beaucoup d’éléments « kitsch », non seulement par la diversité de sa musique mais aussi par la structure parfaite des mélodrames que seuls les cinéastes de cette période pouvaient faire avec tant de maîtrise et désinvolture. Les rumberas évoquent une époque incroyable où l’on donnait des mouchoirs en papier à l’entrée des salles et où l’on remboursait tous ceux qui ne s’en étaient pas servis ; une époque où le public était capable de détruire une salle de cinéma si le projectionniste ne leur repassait pas la bobine dans laquelle il y avait des numéros de danse…
La femme du port (la mujer del puerto) – Arcady BOYTLER – 1933
Siboney – Juan OROL – 1938
Tania, la belle sauvage (tania, la bella salvaje) – Juan OROL – 1947
Le royaume des gangsters (el reino de los gangsters) – Juan OROL – 1953
Les bas-fonds de Mexico (salon mexico) – Emilio FERNANDEZ – 1948
Tendres courgettes (ah, les belles gambettes!) (calabacitas tiernas (ay, qué bonitas piernas!)) – Gilberto MARTINEZ SOLARES – 1948
On a tué Tongolélé (han matado a tongolele) – Roberto GAVALDON – 1948
Le roi du quartier (el rey del barrio) – Gilberto MARTINEZ SOLARES – 1949
Perdue (perdida) – Fernando A. RIVERO – 1949
Aventurière (aventurera) – Alberto GOUT – 1949
Au son du mambo (al son del mambo) – Chano URUETA – 1950
La chair à vif (en carne viva) – Alberto GOUT – 1950
Le gentil (el suavecito) – Fernando MENDEZ – 1950
Quartier interdit (victimas del pecado) – Emilio FERNANDEZ –
Sensualité (sensualidad) – Alberto GOUT – 1950
Dansez mon roi (baile mi rey) – Roberto RODRIGUEZ – 1950
Du Can Can au Mambo (del can can al mambo) – Chano URUETA – 1950
Femmes sacrifiées (mujeres sacrificadas) – Alberto GOUT – 1951
Nuit de perdition (noche de perdicion) – José DIAZ MORALES – 1951
Voyageuse (viajera) – Alfonso PATINO GOMEZ – 1951
Aventure à Rio (aventura en rio) – Alberto GOUT – 1952
La déesse de Tahiti (la diosa de tahiti) – Juan OROL – 1952
Sandra la femme de feu (sandra la mujer de fuego) – Juan OROL – 1952
Rumba chaude (rumba caliente) – Gilberto MARTINEZ SOLARES – 1953
Le mariachi inconnu (el mariachi desconocido) – Gilberto MARTINEZ SOLARES – 1953
Mulâtresse (mulata) – Gilberto MARTINEZ SOLARES – 1953