Si les films de l’Afrique lusophone ne sont pas totalement inconnus en France (deux films de Flora Gomes, cinéaste de Guinée-Bissau, y ont été distribués et vraisemblablement un troisième très bientôt), l’ensemble de cette cinématographie reste, en revanche, à découvrir.
Il est vrai que pour des raisons historiques et politiques les cinéastes de l’Afrique francophone ont eu beaucoup plus de chances que leurs homologues lusophones pour réaliser des films et les faire connaître.
Les anciennes colonies portugaises ont une histoire cinématographique commune, celle d’une décolonisation tardive et difficile : 1974 pour la Guinée-Bissau, 1975 pour l’Angola, le Cap-Vert et le Mozambique. Si l’on excepte les quelques documentaires de propagande angolais produits par les indépendantistes dans les années soixante, le cinéma d’Afrique lusophone a moins de trente ans.
Son développement, à des rythmes et dans des directions différentes, s’est fait à l’initiative des nouveaux Etats qui ont tenté de combler le vide d’une industrie absolument inexistante.
La cinématographie la plus ancienne est celle de l’Angola. Les premiers documentaires datent d’avant l’indépendance, à l’initiative du MPLA, l’un des mouvements indépendantistes. Conçu d’emblée comme un instrument politique, le cinéma angolais est souvent documentaire, mais pas seulement. Dévasté par 40 ans de guerre, l’Angola n’a pas pu développer son cinéma. On compte un long métrage et des documentaires. Malgré des conditions extrêmement difficiles, deux longs métrages sont actuellement en tournage.
La cinématographie la plus prolifique est celle du Mozambique. Très spécialisé, par choix politique, dans le documentaire, le cinéma mozambicain compte plus de 400 titres, dont quelques films de fiction. On assiste actuellement à un redémarrage du cinéma mozambicain.
La cinématographie la plus récente est celle du Cap-Vert. Le premier long métrage y a été produit en 1994 (llheu de contenda, Leão Lopes). Grâce à sa situation politique stable, le Cap-Vert a pu développer son propre cinéma avec l’aide du gouvernement. La fascination des tropiques, la musique d’une extrême richesse introduite en Occident par les momas de Cesaria Evora ont donné naissance à de nombreux documentaires et longs métrages, fait surprenant pour un si petit pays.
La cinématographie la plus reconnue est celle de la Guinée-Bissau. Les années 1990 ont vu émerger d’un paysage assez désert deux figures dont les films ont été assez largement diffusés dans le monde : Sana Na N’hada et surtout Flora Gomes. L’industrie cinématographique a beaucoup souffert du coup d’Etat de 1998 et se redresse avec bien des difficultés dans l’instabilité gouvernementale. En proposant ce programme, nous souhaitons surtout que les films qui seront projetés sortent de leur confidentialité.
Alain Jalladeau