Compétition internationale
46e édition
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Hommage à Tolomouch Okeev

Aux participants du Festival des 3 Continents de Nantes

par Tchinguiz Aïtmatov

Les journées passent et l’étendue du temps croît implacablement en creusant davantage le fossé entre le passé et le présent, et l’on ne peut croire que Tolomouch Okeev n’est plus parmi nous. Il semble encore être tout près, quelque part, pas très loin, en train de tourner son nouveau film. Toujours énergique et volontaire, le voilà bien présent, inspiré par une nouvelle découverte artistique.

Mais, hélas ! le grand metteur en scène kirghize ne vit désormais que dans nos mémoires. Ses œuvres étaient de son temps des classiques de l’art national, elles font partie aujourd’hui du patrimoine culturel du XXe siècle.

Tolomouch Okeev était sans mentir un cinéaste remarquable, un éminent artiste de l’écran, qui a su réaliser en plein régime totalitaire des films extraordinaires, tant dans leur fonds que dans leur forme. Sa personnalité attrayante faisait d’Okeev un homme charmant doté d’un esprit ouvert.

L’expérience d’Okeev est la plus précieuse ressource pour le développement du cinéma kirghize contemporain. J’espère que la nouvelle génération de cinéastes saura sauvegarder et poursuivre le potentiel de créativité d’Okeev, même dans les conditions actuelles du marché, où nombre de changements difficiles, parfois même radicaux, adviennent dans la vie et l’œuvre des artistes contemporains.

Aujourd’hui, les films de Tolomouch Okeev continuent à vivre et à trouver de nouveaux spectateurs. Il y a peu de temps de cela, l’été dernier, sur l’île de Gökçeada en mer Egée, j’ai participé à la cérémonie d’ouverture d’un festival cinématographique turc où, en présence des insulaires rassemblés en grand nombre au bord de la mer, sur l’énorme écran à ciel ouvert et étoilé, a été projeté La Pomme rouge d’Okeev. A cet instant, j’étais très heureux et fier. Fier d’un travail réalisé en commun avec Tolomouch Okeev d’après ma nouvelle du même nom qui a servi de scénario pour ce merveilleux film.

Bruxelles, le 10 octobre 2002

Traduit du russe par Dououlat Kassymov

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