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Une histoire du cinéma afghan

BRÈVE HISTOIRE DU CINÉMA EN AFGHANISTAN

Amir Habibullah (1901-1919) fit entrer le cinéma en Afghanistan, mais à la cour royale seulement. C’est sous le règne d’Amir Amanullah Khan (1919-1929) que le cinéma fut présenté au public. En 1923-24, le public de Paghman découvrit son premier film muet grâce au premier projecteur, la « boîte magique » ou la « mageek lantan » (lanterne magique). Au lycée Istiqlal de Kaboul, ce sont surtout des films européens que l’on pouvait voir. Tous les cinémas furent fermés de 1929 à 1933 sous la contrainte du clergé. En 1929, le bandit Bacha-e Saqaow imposa sa loi au pays, avant d’être chassé par Nadir Khan, ancien général sous Amir Amanullah Khan. Nadir Khan se fit couronner roi et suivit la doctrine du  clergé. Les cinémas restèrent donc fermés jusqu’à son assassinat en 1933.

Zahir Shah, fils de Nadir Shah, monta sur le trône en 1934 et les écrans s’éclairèrent à nouveau, surtout de films indiens. Avant la Seconde Guerre mondiale, on pouvait aussi voir des films allemands. Au lendemain de la guerre eut lieu une courte période de libéralisation. Mais, au théâtre, les rôles féminins continuaient d’être interprétés par des hommes. C’est à cette époque que le Théâtre de Kaboul se mit à produire des films.

Le premier film afghan, Eshq-o-Dusti (Amour et amitié),fut réalisé en 1946, en collaboration avec la société indienne Huma Film. Les principaux rôles masculins étaient tenus par des acteurs du Théâtre de Kaboul, mais les actrices étaient indiennes. Le public accueillit très favorablement ce film, mais la nouvelle société de production ne put poursuivre son activité, faute d’argent. En outre, l’Etat afghan ne souhaitait pas financer le développement d’une industrie cinématographique.

La télévision n’existait pas, mais les cinémas proposaient des actualités hebdomadaires. Les images tournées en Afghanistan étaient envoyées aux Etats-Unis pour la postproduction (développement des négatifs et montage). En 1968, l’Organisme afghan du cinéma fut créé grâce à des fonds américains. Mais les techniciens (monteurs, cameramen, etc.) avaient fait leurs études en Russie et en Inde. De nombreux films furent réalisés. Mais, comme toujours, des facteurs sociopolitiques s’immisçaient dans les intrigues. De nouvelles sociétés de production indépendantes virent le jour, comme Nazir Film et Ariana Film, mais pour peu de temps.

Avec la révolution de 1978, le cinéma servit avant tout de propagande à l’Etat jusqu’en 1986, lorsque Najibullah prit les rênes du gouvernement et assouplit la censure. Les films devinrent moins politiques et une petite renaissance eut lieu jusqu’en 1991. Malheureusement, les luttes intestines entre moudjahiddin poussèrent les cinéastes à quitter le pays et la production afghane s’arrêta net. Seuls trois films furent réalisés durant cette période : Ouruj, Sargardan dar Koh-ha et Chapandaz (réalisé à Mazar-i-Sharif).

Lorsque les taliban prirent le pouvoir en 1996, ils s’attaquèrent d’abord aux cinémas et brûlèrent tous les films. En 2001, ils firent sauter les Bouddhas géants de Bamiyan et tentèrent aussi de détruire le Musée national, les Archives du cinéma afghan, Radio Afghanistan et TV Afghanistan. Issaq Nizami, directeur de Radio-TV Afghanistan, décida de cacher une grande partie des archives cinématographiques avec l’aide de huit membres de son personnel. C’est enfin le 11 septembre qui permit aux Archives du cinéma afghan d’échapper aux mains des taliban.

Lorsque Kaboul comptait 400 000 habitants (au milieu des années 1970), il y avait dix-huit cinémas pour 300 000 entrées annuelles. Aujourd’hui, trois millions de personnes vivent à Kaboul, mais, en septembre 2002, il n’y avait plus que sept cinémas et très peu d’entrées. La plupart des Kaboulis louent des films en DVD et les regardent chez eux. Les cinémas des autres grandes et petites villes d’Afghanistan ont été détruits. Toute une génération d’Afghans n’a pas connu le spectacle d’un film dans une salle de cinéma. Il existe un projet de minicinéma itinérant (grâce à 250 projecteurs numériques) afin de projeter des films dans les villes et les campagnes du pays. Il est très important que les jeunes générations puissent faire du cinéma et aimer cet art.

* Ces notes sont extraites d’une introduction à l’histoire du cinéma en Afghanistan prononcée en septembre 2002 par Siddiq Barmak à l’Organisme afghan du cinéma à Kaboul. M. Barmak s’était adressé à la première délégation artistique et culturelle américaine, conduite par Farhad Azad.

** Depuis septembre 2002, le cinéma a repris son essor que ce soit dans la diffusion en salle (la célèbre salle Ariana a été restaurée et rouverte, grâce à la participation de la France) ou dans la production (de nombreuses sociétés se sont créées), pour une activité essentiellement de courts métrages, fictions ou documentaires, tournés en vidéo. La production de longs métrages continye à se faire à l’extérieur par les réalisateurs émigrés, surtout pour la diaspora afghane, mais a repris à l’intérieur sous dorme de productions très commerciales en vidéo, mais aussi d’oeuvres artistique co-produites avec l’étranger : Osama en 2003, Terre et cendres en 2004)

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