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La Corne de l'Afrique: aperçu d'un cinéma d'ailleurs et d'aujourd'hui

Le Cinéma Ethiopien: l’espoir au milieu de l’obscurité

Quand le cinéma a fait son entré en Ethiopie, sous le règne de l’empereur Ménélik II en 1923, le public a nommé la seule salle de cinéma de la capitale Addis-Abeba “Seytan Bet” (Maison du Diable). Les innovations technologiques étaient loin des préoccupations de la population essentiellement agricole et analphabète. Voir des gens sur l’écran faire des choses bizarres tout en parlant dans une langue étrange ne pouvait qu’être associé à l’œuvre du diable.

La production de films en Ethiopie a débuté durant le règne de Haile Selassie avec un film sur son couronnement. Près de 4 décennies plus tard le nombre de films produits en Ethiopie ne dépasse pas 30. La plupart des productions étaient des documentaires et il y avait très peu de films de fiction. Hirut Abatwa Manew (Who is Hirut’s Father), Guma (Vendetta) et Aster sont parmi les rares fictions filmées par de réalisateurs éthiopiens.

Au fil des ans, le nombre de « Seytan Bets » a augmenté. Ces salles étaient équipées uniquement de projecteurs 35mm ou 16mm. Ainsi, les seuls films disponibles étaient de vieux films occidentaux et des productions made in Bollywood. Il y a quelques années encore regarder des films dans leur propre langue était un phénomène rare pour le public Éthiopien. Depuis sept ans, les films locaux sont arrivés dans les petites salles de cinéma et le taux de participation du public a explosé. Ces films ont attiré de plus en plus l’intérêt de l’industrie cinématographique. Aujourd’hui, la nouveauté des films locaux est terminée et le public éthiopien est de plus en plus critique quant à la qualité des films fabriqués localement. La tentative des cinéastes pour améliorer la qualité de leur production n’a pas été très fructueuse.

Ce qui frappe le plus durement le cinéma éthiopien est le manque de professionnels bien formés. Réaliser des films, exprimer son opinion raconter l’histoire et la culture de son pays demande une connaissance profonde et une expérience qui ne s’acquiert pas par simple intuition. Il n’existe pas d’écoles de cinéma en Ethiopie. Même en tenant compte des cinéastes formés dans l’ancienne URSS pendant le régime militaire, rare sont les Éthiopiens qui ont réussi à obtenir une formation digne de ce nom à l’étranger. Cependant, la plupart de ces cinéastes éthiopiens vivent à l’étranger où les conditions sont mieux adaptées à leur métier. Leur tentative de contribuer à la promotion du cinéma éthiopien a été limitée en raison des conditions défavorables au pays.

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Blue Nile Film et Television Academy est une initiative qui a pour but de combler le fossé des connaissances existantes dans l’industrie. L’école a commencé à fournir une formation intensive de cinéma pour les jeunes réalisateurs qui sont avides d’apprendre le métier. Plus d’écoles de cinéma professionnel sont nécessaires pour surmonter ce défi majeur.

Un autre défi de l’industrie cinématographique éthiopienne à surmonter est le manque de financement adéquat. Les films éthiopiens sont financés principalement par des particuliers dans un but purement lucratif. Comme les coûts de production ont augmenté et les bénéfices sont en train de fondre, l’investissement est également en baisse. Aucun financement du gouvernement ou soutien est destiné au cinéma. Avec la fermeture de la Ethiopian Film Corporation en 1996, il n’y a plus d’institutions pour faire du lobbying ou d’institution prête à mobiliser des ressources pour l’industrie. La relance de l’industrie cinématographique en Éthiopie exige un financement adéquat. Le gouvernement actuel à l’instar des précédents n’ont pas donné la priorité au développement de l’industrie cinématographique. Il est vrai que le gouvernement doit faire face à d’autres priorités pressantes et n’a pas la capacité financière ou technique pour soutenir l’industrie cinématographique. Toutefois, par la création de politiques favorables et des nouveaux cadres juridiques, le gouvernement peut encourager l’investissement privé. La réduction d’une fiscalité exagérée et qui a doublé en peu de temps, une censure moins stricte, la protection adéquate des droits d’auteur et l’autorisation d’importer des équipements cinématographiques de qualité, sont certaines des mesures qui pourraient encourager l’investissement privé et rendre le secteur rentable. Compte tenu du rôle important dont le cinéma peut jouer dans l’éducation et le divertissement ainsi que l’importance de sa place dans la vie d’une société moderne, la tâche doit être prise plus au sérieux.

Le scénario actuel rend difficile l’accès des films éthiopiens à un public international. Très peu de films sont arrivés jusqu’aux festivals de films internationalement reconnus. Souvent les films sélectionnés sont des coproductions et par conséquent n’ont pas une production exclusivement locale. Pour toucher un public international et des festivals internationaux les cinéastes éthiopiens ont besoin de trouver un style propre et des histoires originales. Évidemment essayer de concurrencer le cinéma d’action hollywoodien n’est pas la réponse.

Malgré le manque de formation professionnelle, le manque d’équipement et le très faible niveau de revenu des spectateurs, l’Ethiopie est en train de connaître un nouvel élan cinématographique. Un certain nombre de jeunes gens talentueux tentent désespérément de raconter leurs histoires en utilisant le film comme support. Dans le chaos le plus fou, ils développent leur propre style. De plus en plus de professionnels vivant à l’étranger sont de retour et disposés à contribuer. Il nous reste un long chemin encore à parcourir. Néanmoins, tous les espoirs sont permis et le moral est bon.

Abraham Haile Biru
Ethiopian Directeur de la photographie – Directeur – Fondateur du Blue Nile Film and Television Academy à Addis-Abeba.

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Image film QUELEH - copie

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